Voilà déjà vingt ans qu'Yvonne Clergerie se laisse emporter par l'appel de la matière et des volumes. Oubliant la peinture pour se consacrer exclusivement à la sculpture. Dans une mise en évidence de l'ombre et de la lumière, le bois, la pierre, la terre et le bronze, deviennent un mode de communication, un moyen d'exprimer énergies, émotions et images poétiques ... Si l'académisme de l'écriture et de la sensualité des formes contiennent une élegance séductrice, révélatrice de charmes magnifiquement interpretés, l'oeuvre dépasse cette dimension matérialiste pour développer une vision spirituelle. Et ce mode d'expression lui permet de briser le mur de silence pour libérer des sentiments plus profonds, des émotions empreintes de tendresse qui évoquent des valeurs proches de la création originelle. L'enveloppe charnelle devient prétexte à retrenscrire l'intimité de la condition humaine pour l'ouvrir à une véritable lumière intérieure inscrite et révélée dans le destin de l'homme.

De ce fait, il s'agit davantage d'une sculpture de la conscience qui met en évidence l'aura naturelle et éveille la spiritualité qui sommeille en chacun de nous. Avec un perfectionnisme d'écriture et une vérité de pensée qui permettent d'exprimer la beauté physique, mais plus encore la bonté d'ame et la souffrance de l'esprit, chaque oeuvre est une épreuve, un message d'amour que le sculpteur retranscrit de son authentique sincérité créative. Certes, il demeure une large part d'interrogation sur cet inconscient qui veille à la destinée de l'être et lui survit. C'est un message de vie, un questionnement existentialiste, que Clergerie met en lumière d'un altruisme qui suggère l'optimisme. Une sculpture à la fois moderme et antique, charnelle et intellectuelle, qui brûle d'une flamme intérieure capable de défier le temps.

Thierry SZNYTKA